maistre

MAISTRE. s. m. Celuy qui a des valets, des domestiques, des esclaves. Bon maistre. mauvais maistre. rude maistre. fascheux maistre. chercher maistre. servir son maistre. ce laquais est un fripon, il a changé trois fois de maistre. il a perdu son bon maistre. cet esclave a quitté son maistre.

On dit prov. Tel maistre, tel valet. bon maistre fait le bon valet. qui sert bon maistre, bon loyer en reçoit.

On dit, que Quelqu'un a bon maistre, pour dire, qu'Il est au service, ou dans la dependance d'un homme puissant qui le protegera.

On dit par une façon de parler tirée de l'Ecriture Sainte, que Nul ne peut servir à deux maistres.

Un Ambassadeur en parlant du Prince qui l'envoye, l'appelle son maistre. Le Roy mon Maistre, l'Electeur mon maistre &c.

On appelle, Maistre d'Ecole, Celuy qui enseigne à lire & à écrire.

Maistre, Se dit aussi de tous ceux qui enseignent quelque art, ou quelque science. Maistre à danser. maistre de Musique. maistre de luth. maistre d'escrime, ou maistre d'armes. il a appris d'un bon maistre, d'un excellent maistre. il n'a plus besoin de maistre. C'est ce maistre là qui m'a montré les Mathematiques.

On appelle, Pere maistre, dans quelques Ordres de Religieux, Celuy qui a le soin des Novices. Ou est le Pere maistre? faites-moy parler au Pere maistre. On dit aussi, Le maistre des Novices.

Maistre, Se dit encore, de celuy qui ayant esté apprentif, est receu avec les formes ordinaires dans quelque Corps de mestier. Maistre Cordonnier. maistre Tailleur. maistre Maçon. maistre Charron. il n'est pas maistre. il est passé maistre. les apprentifs ne sont pas maistres. il est fils de maistre.

On appelle, Maistre és Arts, Celuy qui dans une Université a receu les degrez qui donnent pouvoir d'enseigner les Lettres humaines & la Philosophie.

On dit fig. & prov. de quelqu'un, qu'On l'a passé maistre, Quand on a disné sans luy.

Maistre. Sçavant, expert en quelque Art. Il est grand maistre en cela, il est maistre. Virgile, Homere, ce sont deux grands maistres en Poësie. je m'en rapporte aux maistres de l'Art. il presche en maistre. coup de maistre.

On dit prov. que Quelqu'un a trouvé son maistre, pour dire, qu'Il a eu affaire à quelqu'un plus habile que luy. Il passoit pour le meilleur joueur d'eschecs de cette ville, mais il a trouvé son maistre.

On dit, qu'Un homme est un maistre homme, est un maistre sire, pour dire, qu'Il est entendu, qu'il est habile, qu'il sçait se faire valoir.

On appelle aussi, Maistre gonnin, maistre mouche, Un homme rusé, fin, adroit. Ce sont des tours de maistre gonnin, c'est un maistre mouche. Il est bas.

On appelle, Maistre aliboron, Un homme qui veut se mesler de tout, qui fait le connoisseur en tout. C'est un maistre aliboron.

On joint quelquefois par exaggeration le mot de maistre, à de certains termes d'injure. Maistre fou. maistre sot. maistre coquin. maistre fripon.

Maistre, Est aussi un titre qu'on donne aux Magistrats, & gens de robe. Ainsi en termes de Palais, on dit des Conseillers, des Avocats, des Greffiers, des simples Prestres, Maistre tel.

On donne le titre de Monsieur maistre aux Conseillers de Cour superieure.

Maistre, Se dit d'un Cavalier enrolé. Une compagnie de cinquante maistres.

On donne aussi le nom de Maistres, aux artisans & gens de boutique. Maistre Pierre, & en parlant à eux, Mon maistre, nostre maistre.

Maistre, Superieur qui commande, soit par droit, soit par force. Dieu est le maistre. il faut que Dieu soit le maistre. le Roy est le maistre. cet homme a tant fait qu'il s'est rendu le maistre. il est le maistre dans la place. il a une grande armée, il a gagné la bataille, il est le maistre de la campagne. Cesar se rendit maistre dans la Republique. il est maistre de l'esprit d'un tel. il est maistre de ses passions. il parle en maistre. il heurte en maistre.

Maistre, Se dit aussi par civilité. Nous irons où vous voudrez, vous estes le maistre.

On dit, qu'Un Orateur est maistre de son sujet, qu'il est maistre de sa matiere, pour dire, qu'Il la possede entierement & qu'il la manie, qu'il la traite comme il luy plaist.

On appelle, Maistre valet, maistre Clerc, maistre garçon. Celuy qui est le premier entre ses compagnons dans une maison, dans une boutique, ou dans une estude.

On dit, Compter de Clerc à maistre. Voy Clerc.

Maistre. Seigneur proprietaire. Il est maistre de cette terre, de ce chasteau. qui est le maistre de ce cheval? j'ay trouvé un cheval qui n'avoit point de maistre.

Maistre, signifie aussi, Celuy qui est revestu de quelque Charge à la Cour, à la guerre, ou dans quelque Compagnie de Judicature. Grand maistre de la Maison du Roy. Grand maistre de l'Artillerie. grand maistre des Arbalestriers. grand maistre des Eaux & Forests. grand maistre & Surintendant de la Navigation. maistre d'Hostel de la maison du Roy. maistre de la Chambre aux Deniers. maistre des Requestes. maistre des Comptes.

On appelle, Maistre du sacré Palais. Un Docteur en Theologie qui demeure dans la maison du Pape, & qui est préposé pour examiner les Livres. La Charge de maistre du sacré Palais est ordinairement possedée par un Dominicain. ce livre porte l'approbation du maistre du sacré Palais.

On appelle aussi, Maistre de chambre, Celuy qui introduit dans la chambre des Cardinaux, & fait donner audience.

Maistre, Est encore un titre qu'on donne aux Chefs des Ordres Militaires, ou des autres Ordres de Chevalerie. Le maistre de l'Ordre Teutonique en Allemagne. le grand maistre de Malthe. le Roy est Chef souverain & grand maistre des Ordres de S. Michel & du S. Esprit.

On appelle, Maistre de Barque, maistre de Navire. Celuy qui commande aux matelots.

On dit prov. Qui a compagnon a maistre.

Maistre, Se prend aussi pour premier ou principal, en parlant des choses inanimées & de mesine nature. Le maistre autel, le maistre brin d'une plante.

Mestre de camp. s. m. (l'S se prononce.) On appelloit ainsi autrefois celuy qui commandoit en chef un Regiment d'Infanterie ou de Cavalerie. Mestre de Camp d'un tel Regiment. On donne presentement le nom de Colonel à ces Officiers.

On disoit aussi autrefois, La Mestre de Camp, On dit aujourd'huy, La Colonelle.

Dictionnaire de l'Académie française . 1964.